exposition – Martine Bligny

martineblignym

Ma peinture me relie à celles du passé ( du Fayoum à Géricault )  qui viendraient comme se condenser  à la surface de la toile ;    je rassemble ces morceaux épars de mémoire , que jerecompose autour de la vision de la «  figure » humaine , comme enveloppes relatives et provisoires de l’âme,  dans sa traversée des mondes multidimensionnels de la vie .

Titre générique : « les passagers  » , Techniques mixtes sur toile Martine Bligny 2016

 

Qui sont-ils  ces personnages qui émergent de la toile comme les paysages d’anciens repentirs ? A quelle époque appartiennent- ils les ai -je déjà croises ? Certains d’entre eux me rappellent vaguement quelque connaissance passée, mais à peine suis-je persuadé les avoir retrouvés que déjà les traits s ’estompent dans ce no man’ s land que constitue ma mémoire .

Se peut-il au fond que je ne les ai jamais rencontrés ? Mais alors, cet air de familiarité que je leur reconnais ?  Ces yeux qui regardent sans me voir, qui semblent me transpercer, qui remontent du fond des âges, qui ont franchi mille ans peut-être, me parlent bien d’un temps que j’ai dû vivre, et que j’avais oublié avoir vécu. Oui, je les ai forcément croisés un jour ou l’autre ces personnages dont je perçois le désarroi derrière le regard rêveur, à moins que cela ne soit la surprise de se trouver là face à moi, après tant d’années . Frères humains qui après nous vivez, semblent-ils me chuchoter, n’ayez les cœurs contre nous endurcis…

Oui,  ces personnages que le pinceau de Martine Bligny sauve des limbes, je les connais, ils hantent ma mémoire, et pas seulement la mienne, mais la nôtre , notre mémoire collective. Peuple d’humains qui nous ressemblent, qui ont foulé les lieux où nous vivons, bien avant que nous ayons conscience d’exister, et dont nous ne savons pas grand-chose. Leur histoire sans doute est semblable à la nôtre. Leurs désirs, leurs souffrances, leurs rêves n’ont pas différé des nôtres. Par la grâce de cette peinture, ils me semblent si proche, si brusquement parents de ce que je suis. Bien plus encore que si l’artiste avait choisi la photographie pour les guider jusqu’à moi. Par la grâce de sa peinture, Martine Bligny parvient à mettre à jour cette humanité émouvante que je devine au fond de chaque regard, elle donne à voir leur être profond  Et recouvre le tout d’un voile d’éternité.

Tel est le pouvoir de l’artiste qu’il peut ressusciter des mondes perdus tout en les inscrivant dans une perspective contemporaine. L’humanité qui s’offre à nous à travers ces toiles est un reflet vivant de notre propre condition d’être humain. Un reflet rêvé, inventé . Un son, une voix, qui a l’inflexion chère des voix qui se sont tues.

Une écriture qui laisse entre les lignes entrevoir l’homme d’hier et d’aujourd’hui

Ludovic DUHAMEL 

 

 

 

 

 

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