Théorème de l’assassinat
« Commencé en 2003 ; théorème de l’assassinat est un voyage dans le cœur, un voyage dans mon atelier intime, celui que j’essaye de découvrir et dont peu à peu je devine les cloisons, les couloirs, les abris et les pièges.
Un atelier est un lieu étrange, à la fois inhospitalier, parfois même hostile et cependant rassurant car au delà des dangers, des zones d’ombres il est mon asile.
Conçue dans les repères de cette exploration, l’exposition est un jeu de piste où les dessins aboutissent à des vidéos, les croquis à des textes, les photos à des installations. un Cluedo dans lequel une seule chose est certaine : Ce n’est pas le Colonel Moutarde qui a tué Madame Pervenche avec le chandelier.. »
« Le théorème de l’assassinat »
Narcisse s’immergeant, en espoir de métempsychose : « la tâche est immense qui laisse à désirer ».
Richard Laillier ouvre les yeux du noir néant, absolu du verbe, au risque de l’auto-engendrement et de la lyse ; il invente la lumière de la nuit invertie ; il éloigne la folie du cauchemar à l’alchimie des sombres plis et replis de la pensée inconsciente.
Richard Laillier vient d’installer son atelier et une collection de plus de quatre- vingts œuvres récentes à la Chapelle Sainte Anne.
Voyage multiforme au fond de la psyché, la sienne certainement, mais au-delà, celle de l’humanité, une humanité souffrante qui s’interroge en larme et en rire sur son destin tragi-comique
Merveilleux dessinateur, (de nombreux carnets de dessins sont visibles dans l’exposition), Richard Laillier découvre avec la pierre noire une technique qui inverse le geste qui fait apparaître l’image, il procède alors par soustraction de matière, il révèle par gommage le sujet de la création qui est toujours une partie de son être en quête de vérité et d’absolu. Le rapport à l’analyse y est constant qui cherche sans relâche dans les méandres de l’inconscient une vérité sur le désir d’être et de mourir. Le travail à la pierre noire révèle autant qu’il cache, il suggère autant qu’il démontre, au fond il affirme avec détermination l’invisible, l’indicible, et l’impensable.
Quand se dissout et se perd l’image de soi dans le miroir du dessin, apparaît l’humain universel, et ses doutes, et ses pleurs et ses rires.
A chaque regard dans le miroir, il croise quelque chose de Richard Laillier, mais une foule d’Autres, petits et grands , héroïques et minables, d’une beauté sidérante ou d’une extrême laideur, des anges, des démons, des fous et des génies, bref l’humanité entière dans sa dramatique quête de savoir.
L’installation à la Chapelle Sainte Anne, luxuriante et multiple est tour à tour chaos et épure, elle est résolument poétique. Chaque recoin révèle un aspect nouveau de la personnalité de l’artiste en générosité, transparence, exigence éthique de chaque instant. Le son et la vidéo occupe une place d’importance dans cette installation. La bande son, présente dans toute l’exposition, est construite en continuité, en articulation précise avec les dessins, elle est d’une durée de six heures, six heures de souvenirs, d’émotions, de petits et grands bonheurs sonores dont Richard Laillier nous fait l’honneur du partage.
L’exposition a débuté dans le climat catastrophique des meurtres du nihilisme abject,en cela elle apparaît encore plus nécessaire qui défend la vie et la culture.Cleanne
- 14 novembre vernissage à partir de 18h
visite/performance avec Pascal Fleury, Antoine Bataille, Vladimir Vatsev et
Richard Laillier. (gratuit)
- 21 novembre : compositions de CLAUDE DUCHET (1957-2014)
Musique de chambre : piano, flûte, clarinette, basson.
Musique contemporaine, répétitive, chatoyante.
De la création, de la passion.
Ces compositions seront interprétées par
Alice Diéval, Pauline Vanagt, Antoine Moulin et Romain Tiratay.
5€
C’est donc le film de Vladimir Vatsev intitulé « Corpus », tourné sur l’artiste Richard Laillier, qui a obtenu le Grand Prix du Marché International du Film sur les Artistes Contemporains, dimanche 13 septembre, au Mans. Retour sur un film qui a fait l’unanimité.
Dès le début du film, nous approchons au plus près de l’artiste, dans une pénombre un peu mystérieuse, au cœur de l’atelier, une pénombre semblable au fond à ses dessins à la pierre noire. Hantées par la voix chaude de Richard Laillier, les images révèlent un travail exigeant, fait d’effacements, travail inlassablement recommencé. Elles montrent surtout un personnage attachant qui se confie avec infiniment de pudeur, en mots choisis qui démontrent qu’en même temps qu’il est un grand dessinateur, il est un grand poète. Avec ce portrait intimiste d’un artiste inclassable, Vladimir Vatsev a su saisir l’essence même d’un homme, et l’on reste pendant l’heure que dure le film sous le charme d’une personnalité trop méconnue sans doute. Ce film permettra, je l’espère, de convaincre davantage d’amateurs d’art de son grand talent.
table ronde en présence des artistes